Etudes, Jacques Rivière (1911)


       A la manière des objets de consommation qui prolifèrent autour de nous, l'information partout désormais surabonde, mais sous les espèces plutôt pauvres, souvent, des notices ou des articles, qui renseignent toujours et rarement n'émeuvent, et c'est pourquoi sans doute l'on sort troublé mais délivré enfin par la lecture de Jacques Rivière : le sortilège de la neutralité ou de la scientificité ici s'estompe, l'information certes n'est pas absente, mais elle est soulevée soudain et comme bousculée par le plus fiévreux désir d'exprimer avant d'expliquer, de bien décrire avant de bien comprendre, cette manière puissante, émue, lyrique pour tout dire, excessive parfois, d'entrer d'un coup dans une œuvre pour aller y toucher l'allant particulier des phrases, si c'est un livre, le rayonnement original des sons, si c'est une symphonie, l'attaque étonnante du trait, si c'est une peinture, cette manière décidément de romancier, pour qui chaque œuvre possède comme un visage, et chaque découverte quelque chose vraiment de la rencontre amoureuse.


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