Les Eaux étroites, de Julien Gracq (1976)


          Il faut dire enfin que les choses ne s'en tiennent pas à elles-mêmes, jamais les rivières n'ont été pour nous que des rivières, les arbres simplement des arbres, nous nous répandons dans les alentours, les alentours se répandent en nous, et presque chaque page du livre de Julien Gracq poursuit ainsi ce beau débordement des choses, ces allusions sans cesse que jettent en nous un sentier ombragé, l'embellie tardive d'un ciel ou le nom même du lieu où l'on chemine - de sorte qu'entraîné lentement par l'auteur à démêler ces nombreux rapports qui agissent sur nous, on voudrait croire qu'il y avait en somme bien plus qu'un sens topographique dans cette expression des « eaux étroites », et comme la substance déjà d'une sorte de message : nous nous tenons rarement à distance de tout, c'est plus étroitement qu'il ne le pense que l'homme séjourne auprès des choses.


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