Introduction à la philosophie esthétique, de Marc Sherringham (2003)


       A côté de son programme, ce livre ne cesse d'empoigner bien plus que ce qu'il a à dire, d'offrir sur les époques des synthèses pénétrantes – la nouveauté, par exemple, du christianisme, la nouveauté de Descartes –, si bien que l'auteur en vient à retracer comme malgré lui on ne sait quelle grande histoire de l'expérience humaine des choses, du moins en nos contrées : la stupéfaction que fut d'abord pour nous le monde, et c'est l'Antiquité, de sorte que tout était à trouver hors de nous – le Bien, le Beau, le Vrai ne sont pas de notre fait, ils sont dehors, ils sont constants, ils sont le monde même, ou presque – à l'effacement progressif de cette stupéfaction, du moins à l'accroissement de notre autorité sur le monde, et c'est la modernité, de sorte qu'il est peu de choses que nous ne puissions trouver en nous-mêmes, ou à travers un accord entre nous – et c'est la beauté même, jadis toute parsemée dans le monde, qui soudain a quelque chose de douteux, voire d'hypothétique, s'il n'y avait les hommes pour en juger et pour la goûter.


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