Sur la conversion du pécheur, de Blaise Pascal


          Jamais dans notre langue, jamais du moins à travers cette prose exacte surtout, épurée presque, toute soumise à la grammaire, où la symétrie des propositions ne se laissera pas enfreindre, et que l'on rencontre si souvent au dix-septième siècle, jamais exhortation n'avait reçu des accents aussi terribles, aussi puissants, aussi péremptoires, on ne sait quoi partout d'impeccable et de véhément, de sorte que si l'on demeure étourdi et comme outré par le parfait abandon que réclame sans cesse Pascal, puisque rien ne devrait nous attacher à ce monde, il y a dans ces quatre ou cinq pages quelque chose de pur et de violent qui nous touche toujours, comme si l'on eût poussé jusqu'au sublime des sentiments que l'existence parfois jette en nous, cette attente d'autre chose, cette réflexion soudain que tout homme va vers sa mort, ce désarroi alors et jusqu'à cet éminent désir d'un être qui réponde de tout cela – ou bien faut-il dire, cette superbe insurrection contre lui ?


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